La Bourse de Casablanca en difficulté : analyse des tendances
actuelles
La Bourse de Casablanca a entamé cette semaine sous le signe de la baisse,
avec une performance négative pour son indice principal, le MASI, qui a chuté
de 0,32 %, atteignant ainsi 13.850,44 points lors des premiers échanges de ce
lundi. Ce recul marque un début de semaine difficile pour le marché
casablancais, reflétant une certaine volatilité après une précédente séance de
légère hausse. Cette situation laisse planer une ombre sur les perspectives à
court terme de la place boursière marocaine, à un moment où l'économie globale
est également soumise à des pressions croissantes.
La volatilité du marché n'est pas un phénomène nouveau pour les
investisseurs de la Bourse de Casablanca. Toutefois, elle semble s'intensifier
ces derniers mois, en partie à cause de la conjoncture économique mondiale.
L'inflation persistante, couplée aux tensions géopolitiques, a exacerbé les
incertitudes économiques. Ces facteurs ont eu un effet domino sur les marchés
boursiers du monde entier, y compris celui du Maroc. Le ralentissement de la
croissance mondiale, marqué par les tensions commerciales entre les grandes
puissances économiques et les perturbations dans les chaînes
d'approvisionnement, a pesé lourdement sur la confiance des investisseurs.
Dès l'ouverture de la séance, les principaux indices du marché casablancais
ont suivi une trajectoire baissière. Le MASI.20, qui regroupe les 20 actions
les plus liquides du marché, a enregistré une baisse de 0,25 %, se fixant à
1.124,03 points. Cet indice est souvent perçu comme le baromètre des grandes
capitalisations à la Bourse de Casablanca, reflétant la santé des plus grandes
entreprises cotées. Les grandes capitalisations jouent un rôle crucial dans
l'économie marocaine, notamment dans les secteurs clés comme les finances,
l'industrie et l'agroalimentaire. Toutefois, ces entreprises ne sont pas à
l'abri des turbulences du marché international.
En parallèle, le MASI.ESG, qui évalue les entreprises selon des critères
environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG), tels qu'établis par Moody’s
ESG Solutions, a également reculé de 0,31 % pour s'établir à 1.007,46 points.
Ce repli indique que même les entreprises axées sur la durabilité ne sont pas
immunisées contre les fluctuations du marché. Cette baisse pourrait refléter un
changement temporaire dans les priorités des investisseurs, qui privilégient la
sécurité financière à court terme face aux engagements à long terme en matière
de durabilité, surtout dans un contexte économique incertain.
L'indice MASI Mid and Small Cap, qui suit les performances des petites et
moyennes entreprises (PME) cotées, a également enregistré une baisse, diminuant
de 0,15 % pour atteindre 1.255,15 points. Les PME, bien qu'elles représentent
un tissu important de l'économie marocaine, sont souvent plus vulnérables aux
fluctuations du marché, notamment en raison de leur taille et de leur moindre
capacité à mobiliser des liquidités en cas de besoin. Dans ce contexte, les PME
doivent souvent composer avec des marges réduites et des ressources limitées,
ce qui les expose davantage aux variations économiques, tant locales que
globales.
Zoom sur les entreprises impactées : Lesieur Cristal, CTM et autres
perdants du jour
Sur le plan des performances individuelles, Lesieur Cristal, acteur majeur
du secteur agroalimentaire marocain, a subi la plus forte baisse du jour,
chutant de 9,77 % pour s'établir à 249 DH. Cette dégringolade importante
témoigne des défis auxquels l'entreprise est confrontée, notamment en ce qui
concerne les fluctuations des prix des matières premières, telles que l'huile
de palme, sur les marchés internationaux. Les variations des prix des matières
premières impactent directement les coûts de production, et par conséquent, les
marges bénéficiaires de l'entreprise.
D'autres sociétés ont également enregistré des baisses significatives, à
l'instar de CTM, qui a perdu 6,41 % pour atteindre 629 DH. La Compagnie de
Transports au Maroc, bien que bénéficiant d'un réseau de transport bien établi
à travers le pays, fait face à des défis économiques liés à la hausse des coûts
opérationnels, notamment ceux liés au carburant et à la maintenance. De plus,
la concurrence dans le secteur du transport de passagers et de marchandises
s'est intensifiée ces dernières années, exerçant une pression accrue sur les
marges bénéficiaires de la société.
Cosumar, une autre entreprise notable cotée à la Bourse de Casablanca, a
également connu une baisse de 3,12 %, avec son action s'établissant à 183 DH.
En tant que principal producteur de sucre au Maroc, Cosumar est également
affectée par les fluctuations des prix du sucre sur le marché international. De
plus, la concurrence accrue au niveau local et la modification des habitudes de
consommation ont ajouté une couche de complexité aux opérations de
l'entreprise. Les défis de l'industrie sucrière, liés à la fois aux conditions
climatiques et aux politiques commerciales, ont également eu un impact sur les
perspectives à court terme de Cosumar.
Ciments du Maroc et Delta Holding ont également été touchées par cette
tendance baissière, avec des reculs respectifs de 2,99 % à 1.785 DH et de 2,88
% à 50,3 DH. Ces entreprises, opérant dans des secteurs stratégiques comme la
construction et les matériaux, ressentent directement les effets du
ralentissement de l'économie marocaine. Le marché de la construction, bien
qu'en croissance ces dernières années, a montré des signes de stagnation,
notamment en raison de la baisse de la demande pour de nouveaux projets
immobiliers et d'infrastructures.
Les valeurs en hausse : Stroc Industrie et Réalisations Mécaniques
brillent dans un marché baissier
Malgré ce climat morose, certaines entreprises ont réussi à tirer leur
épingle du jeu. Stroc Industrie a, par exemple, connu une hausse spectaculaire
de 9,94 %, atteignant 53,99 DH. Ce bond notable témoigne d'un regain d'intérêt
pour cette société spécialisée dans les services industriels et la
construction. Stroc Industrie a probablement bénéficié de contrats récents dans
le secteur des infrastructures, ce qui a renforcé la confiance des
investisseurs dans sa capacité à générer des bénéfices à court terme.
Réalisations mécaniques a également bien performé, enregistrant une hausse
de 9,28 % pour atteindre 649 DH. Cette entreprise, qui joue un rôle clé dans le
secteur industriel marocain, est vue par certains investisseurs comme une
valeur refuge, surtout dans un contexte de marché volatil. En période
d'incertitude économique, les entreprises industrielles qui disposent d'une
clientèle stable et d'un carnet de commandes bien rempli peuvent représenter
une opportunité pour les investisseurs à la recherche de stabilité.
D'autres entreprises ont également affiché des performances positives,
telles que Colorado, avec une hausse de 1,98 % à 51,5 DH, Attijariwafa Bank
(+1,22 % à 548 DH) et Involys (+1,16 % à 87 DH). Attijariwafa Bank, leader du
secteur bancaire marocain, continue de bénéficier de sa position dominante sur
le marché, ainsi que de sa capacité à innover dans le domaine des services
financiers, notamment grâce à l'expansion de ses opérations digitales. Les
banques, en général, ont tendance à bien performer dans les périodes de
volatilité relative, car elles jouent un rôle crucial dans la gestion de la
liquidité et des flux financiers à l'échelle nationale.
Contexte mondial : les facteurs externes influençant la Bourse de
Casablanca
Les mouvements observés sur la Bourse de Casablanca doivent également être
replacés dans un contexte mondial plus large. Les marchés financiers, en
particulier ceux des économies émergentes, ont été soumis à des pressions
importantes ces derniers mois en raison de la volatilité des prix des matières
premières, des fluctuations des devises et des politiques monétaires
restrictives adoptées par les grandes banques centrales, comme la Réserve
fédérale américaine et la Banque centrale européenne. L’augmentation des taux
d’intérêt dans ces économies a entraîné un déplacement des capitaux vers des
actifs plus sûrs, délaissant ainsi certains marchés boursiers émergents.
Le secteur énergétique, qui joue un rôle prépondérant dans l'économie
marocaine, est également soumis à des turbulences. La dépendance du Maroc aux
importations de produits énergétiques rend son économie vulnérable aux
fluctuations des prix du pétrole et du gaz naturel. Les investisseurs suivent
de près les évolutions sur les marchés mondiaux de l'énergie, car toute hausse
des prix pourrait avoir un effet d'entraînement sur les coûts de production
dans l'industrie locale, ainsi que sur le pouvoir d'achat des consommateurs.
En outre, les tensions commerciales entre les grandes puissances
économiques, notamment les États-Unis et la Chine, continuent de peser sur les
perspectives économiques mondiales. Ces tensions exacerbent les perturbations
dans les chaînes d'approvisionnement, ce qui affecte particulièrement les
entreprises manufacturières, tant au Maroc qu'à l'étranger. La dépendance du
Maroc vis-à-vis des exportations de produits agricoles et industriels rend
également son économie sensible à ces tensions commerciales.
Perspectives pour les semaines à venir : entre volatilité et
opportunités d'investissement
La volatilité accrue sur la Bourse de Casablanca pourrait persister dans les
semaines à venir, surtout si les incertitudes économiques mondiales continuent
de peser sur les marchés financiers. Toutefois, cette volatilité pourrait
également offrir des opportunités d'investissement pour ceux qui sont prêts à
prendre des risques calculés. Les secteurs de l'industrie et des
infrastructures, en particulier, pourraient offrir des rendements intéressants,
surtout si le gouvernement marocain continue d'investir dans des projets de
développement à grande échelle.