L’Économie des États-Unis au Deuxième Trimestre 2024 : Résilience, Défis et
Perspectives
L'économie des États-Unis a démontré une résilience notable au cours du
deuxième trimestre de 2024, avec un taux de croissance de 2,8 %, dépassant les
attentes des analystes. Ces derniers prévoyaient initialement une croissance
plus modeste, aux alentours de 2 %. Cette performance est particulièrement
impressionnante dans un contexte mondial marqué par des incertitudes
économiques et des défis persistants, tels que l'inflation, la hausse des taux
d'intérêt et des perturbations sur les chaînes d'approvisionnement. Cependant,
malgré ces défis, la consommation des ménages a joué un rôle clé en soutenant
la croissance, révélant la capacité de l'économie américaine à surmonter les
turbulences.
1. Contexte Économique du Premier Semestre 2024
L'année 2024 a débuté sous le signe de l'incertitude, non seulement pour les
États-Unis, mais également pour l'ensemble de l'économie mondiale. La pandémie
de COVID-19, bien que largement sous contrôle, a laissé des séquelles durables
sur les chaînes d'approvisionnement mondiales, exacerbé par des conflits
géopolitiques, notamment en Europe de l'Est et au Moyen-Orient. Ces événements
ont entraîné une instabilité sur les marchés des matières premières et une
inflation mondiale persistante.
En début d'année, les perspectives économiques pour les États-Unis
semblaient particulièrement sombres. L'inflation continuait d'augmenter,
atteignant des niveaux bien supérieurs à l'objectif de 2 % de la Réserve
fédérale. La hausse des taux d'intérêt décidée par la Fed tout au long de 2023
pour lutter contre l'inflation commençait à freiner la demande intérieure et à
ralentir l'activité économique. Le premier trimestre de 2024 a vu une
croissance du PIB de 1,4 %, bien en dessous des prévisions des économistes,
alimentant les craintes d'un ralentissement prolongé. Les marchés financiers
ont réagi négativement, avec une volatilité accrue dans les actions et les
obligations, en raison des craintes d'une récession potentielle.
Cependant, dès le deuxième trimestre, les indicateurs économiques ont montré
des signes de reprise. Le produit intérieur brut (PIB) a progressé à un rythme
annualisé de 2,8 %, surpassant les prévisions des analystes. Cette reprise a
été favorisée par plusieurs facteurs clés, dont une augmentation des dépenses
de consommation, une reprise des investissements non résidentiels, et une
gestion prudente des stocks par les entreprises. De plus, l'amélioration
progressive des chaînes d'approvisionnement mondiales a permis aux entreprises
de mieux répondre à la demande intérieure.
2. Le Rôle Central des Dépenses de Consommation
Les dépenses de consommation, qui représentent près de 70 % de l'activité
économique aux États-Unis, ont été le principal moteur de la croissance au
deuxième trimestre de 2024. Les ménages américains, malgré les pressions
inflationnistes et la hausse des taux d'intérêt, ont continué à dépenser à un
rythme soutenu, ce qui a contribué à soutenir l'activité économique.
Au deuxième trimestre, les dépenses des ménages ont augmenté de 2,3 % en
glissement annuel. Cette performance a été particulièrement remarquable dans
les secteurs des services, notamment le tourisme, les loisirs et le
divertissement, qui ont enregistré des gains importants après les restrictions
liées à la pandémie. Les ménages ont profité de l'assouplissement des
restrictions sanitaires et de l'amélioration de la situation économique pour
voyager davantage et participer à des activités de loisirs, stimulant ainsi la
croissance économique.
Cette hausse des dépenses de consommation a été soutenue par plusieurs
facteurs. Premièrement, les revenus personnels disponibles, après impôts, ont
progressé de 3,6 % sur un an, en grande partie grâce à une hausse des salaires.
Les entreprises, confrontées à des pénuries de main-d'œuvre dans certains
secteurs, ont été contraintes d'augmenter les salaires pour attirer et retenir
les travailleurs. Cette augmentation des revenus a permis aux ménages de
maintenir leur pouvoir d'achat, malgré une inflation toujours élevée.
Deuxièmement, le marché du travail est resté relativement solide au deuxième
trimestre. Bien que les créations d'emplois aient ralenti par rapport aux
années précédentes, le taux de chômage est resté bas, autour de 3,7 %. Cette
stabilité sur le marché du travail a renforcé la confiance des consommateurs,
les incitant à dépenser davantage, malgré les incertitudes économiques.
Enfin, les ménages ont également puisé dans leurs économies accumulées
pendant la pandémie pour soutenir leurs dépenses. Les économies excédentaires
accumulées grâce aux aides gouvernementales et aux restrictions de dépenses ont
permis aux ménages de compenser partiellement la perte de pouvoir d'achat due à
l'inflation.
3. Les Défis Persistants de l'Inflation
L'inflation reste l'un des principaux défis pour l'économie américaine en
2024. Bien que des signes de modération aient été observés au cours du deuxième
trimestre, l'inflation demeure supérieure à l'objectif de 2 % fixé par la
Réserve fédérale. Cette situation complique les décisions de politique
monétaire de la Fed, qui doit jongler entre la nécessité de contenir
l'inflation et celle de soutenir la croissance économique.
Au deuxième trimestre, l'indice des prix à la consommation (CPI) a augmenté
de 2,3 % en glissement annuel, contre 3,1 % au premier trimestre. Cette
décélération de l'inflation s'explique en partie par la baisse des prix des
biens de consommation, notamment dans les secteurs du commerce de détail, où la
demande a commencé à se stabiliser après des mois de hausses rapides. Les
entreprises, qui avaient accumulé des stocks importants en prévision d'une
demande soutenue, ont commencé à ajuster leurs prix pour écouler ces stocks, ce
qui a contribué à ralentir la hausse des prix.
Cependant, l'inflation reste élevée dans certains secteurs, notamment les
services. Les prix des services, tels que le logement, les soins de santé et
les services professionnels, continuent d'augmenter à un rythme soutenu. Cette
inflation des services est particulièrement préoccupante, car elle est moins
sensible aux fluctuations de l'offre et de la demande à court terme et tend à
être plus persistante. La hausse des coûts des services reflète à la fois des
pressions sur les salaires et des contraintes d'offre, notamment dans le
secteur de la construction, où la pénurie de logements continue d'alimenter la
hausse des prix.
4. La Réponse de la Réserve Fédérale
Face à l'inflation persistante, la Réserve fédérale a poursuivi sa politique
de hausse des taux d'intérêt, entamée en 2022. Cependant, au cours du deuxième
trimestre de 2024, les signes de ralentissement de l'inflation ont suscité des
débats au sein du comité de politique monétaire de la Fed sur l'opportunité
d'une pause dans les hausses de taux, voire d'une baisse des taux d'ici la fin
de l'année.
La Fed se trouve dans une situation délicate. D'une part, elle doit
maintenir une politique monétaire suffisamment restrictive pour contenir
l'inflation et éviter que les anticipations d'inflation ne s'ancrent
durablement à des niveaux élevés. D'autre part, elle doit veiller à ne pas
freiner excessivement la croissance économique, en particulier dans un contexte
où certains signes de ralentissement commencent à apparaître, notamment sur le
marché du travail et dans les dépenses de consommation.
Au cours de ses dernières réunions, la Fed a indiqué qu'elle adopterait une
approche pragmatique, en surveillant de près les données économiques avant de
prendre de nouvelles décisions. Cette approche « data-dependent » reflète la
volonté de la banque centrale de maintenir une flexibilité dans sa politique
monétaire, en ajustant les taux d'intérêt en fonction de l'évolution de
l'inflation et de la croissance économique.
5. Les Perspectives pour le Reste de l’Année
Le reste de l'année 2024 s'annonce crucial pour l'économie américaine. Les
analystes surveillent de près plusieurs indicateurs clés pour évaluer la
durabilité de la croissance observée au deuxième trimestre, notamment la
consommation des ménages, les niveaux d'investissement des entreprises et
l'évolution de l'inflation.
Bien que la croissance du deuxième trimestre ait dépassé les attentes, des
incertitudes subsistent quant à la capacité de l'économie à maintenir cette
performance dans les mois à venir. La consommation des ménages, bien qu'encore
robuste, montre des signes de ralentissement. Les Américains deviennent plus
prudents face à la hausse des prix et à l'incertitude économique, ce qui
pourrait freiner les dépenses dans les mois à venir. L'indice de confiance des
consommateurs de l'Université du Michigan est resté fragile, indiquant que les
ménages sont préoccupés par l'évolution future de l'économie.
Le marché du travail, bien qu'encore solide, commence également à montrer
des signes de ralentissement. Les créations d'emplois ont ralenti, et les
offres d'emploi sont en légère baisse, ce qui pourrait indiquer une modération
de la demande de main-d'œuvre dans certains secteurs. Ce ralentissement
pourrait peser sur la croissance des salaires et, par conséquent, sur la
consommation des ménages.
Du côté des entreprises, les investissements non résidentiels ont montré des
signes de reprise au deuxième trimestre, mais des incertitudes demeurent quant
à leur durabilité. Les entreprises restent prudentes face à l'incertitude
économique et géopolitique, ce qui pourrait freiner leurs projets
d'investissement à long terme.
En somme, l'économie américaine a montré une résilience impressionnante au
deuxième trimestre de 2024, avec une croissance de 2,8 % dépassant les attentes
des économistes. Cependant, des défis importants subsistent, notamment
l'inflation persistante et les incertitudes liées à la politique monétaire. La
Réserve fédérale devra continuer à équilibrer les pressions inflationnistes et
la nécessité de soutenir la croissance dans un contexte économique mondial
incertain. Le reste de l'année 2024 s'annonce crucial pour évaluer la capacité
de l'économie américaine à maintenir son élan, avec des implications majeures
pour les perspectives économiques mondiales.
Du côté des entreprises, les investissements non résidentiels ont montré des signes de reprise au deuxième trimestre, mais des incertitudes demeurent quant à leur durabilité. Les entreprises restent prudentes face à l'incertitude économique et géopolitique, ce qui pourrait freiner leurs projets d'investissement à long terme.
En somme, l'économie américaine a montré une résilience impressionnante au deuxième trimestre de 2024, avec une croissance de 2,8 % dépassant les attentes des économistes. Cependant, des défis importants subsistent, notamment l'inflation persistante et les incertitudes liées à la politique monétaire. La Réserve fédérale devra continuer à équilibrer les pressions inflationnistes et la nécessité de soutenir la croissance dans un contexte économique mondial incertain. Le reste de l'année 2024 s'annonce crucial pour évaluer la capacité de l'économie américaine à maintenir son élan, avec des implications majeures pour les perspectives économiques mondiales.